Kimagure Orange Road était à l’origine un manga best seller. Oeuvre d’Izumi MATSUMOTO 松本泉, cette BD est une comédie romantique entre adolescents : thème rarement publié dans l’hebdomadaire manga Shônen Jump. En effet, à cette époque, Jump traitait plutôt de l’humour et de l’action des combats. Kimagure Orange Road fut diffusé à la télévision japonaise au printemps 1987 durant un an et fut une oeuvre très populaire en 48 épisodes. D’ailleurs, des films d’animation longs métrages (OAV) et une série de clips musicaux furent également réalisés en complément. En france, cette série a été diffusée en mai 1990 pour la première fois sur La Cinq.
Au Japon, ce dessin animé est apparu sur le petit écran lorsque la période des robots de science fiction se terminait avec Gundam notamment. En prenant les thèmes de l’humour, de l’action, de la comédie sentimentale, du sport, les genres se diversifiaient avec les coproductions internationales et la mise en animation de manga populaires destinés à un public relativement mature tels que Cat’s Eyes キャッツ・アイ, Hokuto no ken 北斗の拳, Touch タッチ, City Hunter シティーハンター. Kimagure Orange Road est donc un dessin animé né dans ce courant. On y a introduit tous les éléments des oeuvres mentionnées ci-dessus : science fiction, humour, comédie sentimentale. Il n’est donc pas exagéré de dire que Kimagure Orange Road est un animé qui symbolise la tendance de la deuxième moitié des années 80. Sans surprise, Kimagure Orange Road fut produit par les mêmes sociétés à l’origine d’animés à grand succès tels que la Tôhô 東宝 pour Touch et la Nippon Terebi 日本テレビ pour Cat’s Eyes.
Suite à la réalisation de Lamuうる星やつら et de Creamy, merveilleuse Creamy 魔法の天使クリィミーマミ, le studio PIERROT mit en animation le manga Kimagure Orange Road en s’appuyant sur une équipe de jeunes créateurs de nouvelle génération. Au sein du studio PIERROT, cette équipe dessinait déjà des héroïnes réalistes dans le cadre de séries mettant en scène des adolescentes magiciennes. Les membres principaux de cette équipe étaient le réalisateur Osamu KOBAYASHI 小林治, la dessinatrice des personnages Akemi TAKADA 高田明美 et la directrice de l’animation Masako GOTO 後藤真砂子. En complément, Kenji TERADA 寺田憲史 responsable de la structure de la série débarqua dans le monde de l’animation après une expérience dans le secteur des scénarios de jeux vidéos tels que Final Fantaisy. En mettant en lumière la saveur de l’oeuvre originale, cette équipe pleine d’ardeur développa des épisodes riches et variés en y introduisant des anecdotes de séries TV populaires du moment, des parodies de films et des clins d’oeil aux histoires du monde du spectacle de l’époque.

Bien que le cadre et la personnalité des personnages soient légèrement différents de la version manga, l’héroïne Madoka fut classée première dans un sondage de popularité d’un magazine d’animation. Le dessin animé a également gagné ses fans en plus des fans du manga original. Ces éléments sont la meilleure preuve de la grande qualité de l’œuvre.

Avec une composition musicale invariablement élégante, les nombreuses chansons  pop insérées sont également un élément inoubliable de la série. Les chansons des génériques de début et de fin interprétées par des artistes tels que : Kanako WADA 和田加奈子 à la voix mature donne un cachet à la série ; Masanori IKEDA 池田政典 qui fut actif en tant qu’acteur ; Meiko NAKAHARA 中原めいこ, célèbre pour ses musiques publicitaires de produits cosmétiques. Ces trois personnes ont laissé un forte impression avec leurs rythmes agréables et leurs images réalistes. Dans le monde de la musique d’aujourd’hui, la collaboration entre la JPOP et les animés est évidente mais, en 1987, Kimagure Orange Road était sans aucun doute une oeuvre pionnière dans ce type de collaborations interdisciplinaires.

5) Kimagure Orange ☆ Road : un thème universel et intemporel

Outre la musique et les images, les moeurs des jeunes de cette époque, la mode vestimentaire des personnages qui change à chaque épisode, les boites de nuit, les concours de groupes de musiques reflètent l’atmosphère des années 80 à la veille de la bulle économique au Japon. Aujourd’hui, on peut se demander quelles sont les émotions des spectateurs du 21ème siècle face à celles ressenties par les fans des années 80. En effet, le style musical et graphique, la société et ses valeurs, les dessins animés en général ont évolué dans leur ensemble. Quel est donc le regard du spectateur contemporain sur Kimagure Orange Road ?

Vraisemblablement, les impressions sont décalées en raison du contexte très différent. Toutefois, le charme des personnalités contrastées de Madoka mature et mystérieuse, d’Hikaru l’exubérante et de Kyosuke l’indécis sont toujours valables de nos jours et font de cette série une oeuvre royale dans la comédie sentimentale des adolescents. En effet, Kimagure Orange Road n’est pas une simple amourette de jeunesse. En octobre 1988, l’OAV, Ano Hi ni kaeritai あの日に帰りたい finalise la série comme un 49ème épisode long. Cette série et cet OAV présentent le thème d’un drame universel : le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Kimagure Orange Road restera sans aucun doute comme l’un des dessins animés le plus populaire des années 80 car cette histoire nous laisse un souvenir aigre-doux à l’image de nos premiers amours.

Pascal 🙂

Notes :

* Rédigé sur la base de la critique de Shinsuke NAKAJIMA 中島紳介.

* Madoka AYUKAWA est élue premier personnage féminin préféré des Français dans le fanzine ANIMELAND N15 du mois de septembre 1994.

LIENS 

Studio PIERROT (anglais)  / Studio PIERROT (japonais)

Fiche technique en anglais de Kimagure Orange Road.

Fiche technique en japonais de Kimagure Orange Road.

Fiche technique en japonais de l’OAV : Ano Hi ni Kaeritai.

– Photo du coffret de DVD en tête d’article : Lien produit sur Amazon Japon.

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