Cet article a pour but de présenter simplement au néophyte l’origine et le rôle des temples bouddhistes au Japon. Dans le détail, ce sujet est très complexe et pourrait faire l’objet de plusieurs livres. Ici, l’idée n’est pas d’assommer le lecteur avec une masse d’informations difficiles. Donner quelques idées simples et claires comme point de départ sur ce sujet central dans l’Histoire et la culture japonaises est l’objectif de ce texte. En fin d’article, j’aborderai également un seul élément représentatif de ces temples : les pagodes à 5 niveaux.
ORIGINE
L’origine des temples bouddhistes vient de l’Inde, berceau du bouddhisme. Dans ces lieux, les moines apprenaient le bouddhisme et méditaient. Les stupa incluant les restes de Bouddha après sa mort sont érigées. A partir de la deuxième moitié du 1er siècle, des statues bouddhiques et des salles sacrées furent mises en place, et sur cette base, les structures fondamentales des temples bouddhistes de l’Inde antique, telles que les monastères, les pagodes, les salles sacrées où sont conservées les tablettes anciennes des paroissiens, furent développés sur le continent.
Vers l’an 538 de notre ère, le roi du Baekje (royaume au sud-ouest de la Corée) envoya au souverain du Yamato établi à Asuka près de Nara, une lettre dans laquelle il exposait l’excellence des principes du bouddhisme. Présentée par une délégation de lettrés et de religieux, cette lettre étaient accompagnées de plusieurs rouleaux chinois des Saintes Écritures, une image en bronze du Bouddha et des objets de culte notamment. Ainsi, le bouddhisme pénétra officiellement dans l’Empire du Yamato. Des salles sacrées furent crées et des statues bouddhiques installées. Le temple Asuka situé à Nara est le plus ancien temple authentique du Japon.
Certains clans locaux se convertirent à la foi nouvelle pour imiter la cour et y voyaient un facteur de progrès capable de les aider à supplanter leurs rivaux. Cependant, d’autres clans s’opposèrent farouchement à l’adoption du bouddhisme en tant que religion d’État préférant le Shintô, la religion japonaise ancestrale. Deux partis rivaux se formèrent plongeant l’Archipel dans une grande confusion. Cette lutte se termina en 587 par la destruction du clan Shintô. Ce fut plus une lutte politique que religieuse. Cette victoire permit de nouer des contacts riches avec la Corée et la Chine. Les échanges de toutes natures avec le continent étaient encouragés. A cette occasion, de nombreuses missions d’études japonaises furent organisées pour étudier les sciences chinoises et les ramener dans l’île.
RÔLE
Au fil de l’Histoire, le statut des temples évolua. L’empereur Tenji (662-671) ordonna la construction de temples dans toutes les provinces de l’Archipel afin d’y répandre l’enseignement bouddhique. Le système étatique visant à protéger le Japon par le bouddhisme durant la période de Nara 710-784 a permis l’installation de temples administratifs dans chaque région. À la période Heian 784-1185, des temples sur les monts Hiei et Takano furent ouverts et la fonction « centre de formation » des temples se renforça. Ensuite, les temples eurent également voie au chapitre en politique.
Confronté à un autre peuple et folklore que ceux de l’Inde, le bouddhisme japonais prit des formes particulières et conserva des éléments qui ont disparu dans d’autres régions d’Asie. Influencés par les pratiques Shintô, le bouddhisme était surtout apprécié pour ses pouvoirs magiques et de protection, principalement dans la prévention et la guérison des maladies. A la cour, on lisait des soutra pour faire tomber la pluie et favoriser les cultures. De facto, les pratiques bouddhiques se mêlaient à celles du Shintô. Cependant, dés le début du 8ème siècle, des tendances diverses étaient apparues au sein du clergé bouddhique de Nara. Des sectes apparurent et fondèrent leur doctrine sur des textes bouddhiques différents.
Au cours de la première année de l’ère Meiji 1868-1912, en raison du mouvement anti-bouddhisme, la politique gouvernementale visa à nationaliser le Shintô et à séparer le Shintô du Bouddhisme. Malgré le danger de la disparition du bouddhisme au Japon, la culture spécifique de ces temples gérés par des familles depuis l’ère Edo 1603-1868 est toujours acceptée de nos jours. On y vénère les statuts bouddhiques. On y effectue les prières d’exorcisme et on y organise les mariages, les obsèques et les cérémonies traditionnelles de la vie quotidienne.
Le temple Shintennō, situé à Osaka, orienté du Sud au Nord, avec alignés la grande porte sud, la porte centrale, la pagode aux cinq niveaux, le hall d’or et la salle de conférence. Il s’agit d’un des plus anciens format de temple. En Chine, il y a l’idée que l’empereur fait face au sud et les statuts bouddhiques sont également disposées dans cette orientation. C’est la raison pour laquelle, l’architecte du temple a fait une porte d’entrée au sud.
Dessin de Pascal 2022.11
LES PAGODES
La pagode, objet d’architecture particulièrement visible dans l’enceinte du temple, est un édifice clé dans la structure du temple. La pagode tire son origine des Stupa indiennes où sont enterrées les cendres de Bouddha. Les premières pagodes contenaient en effet les cendres de la divinité mais avec la propagation du bouddhisme en Asie du sud-est, en Chine, en Corée et au Japon, les moines ont remplacé les cendres par des joyaux et des pierres précieuses. Au Japon, il existe trois types de pagodes : celles à 3 niveaux, sanjû no tô 三重塔 ; celles à 5 niveaux, gojû no tô 五重塔 ; celles à 2 niveaux dites pagodes aux joyaux, tahôtô 多宝塔.
La pagode à cinq niveaux
Le style architectural fondamental est japonais mais certaines parties de l’édifice sont tirées des styles bouddhistes zen. Il est également dit que chaque étage représente un des cinq éléments fondamentaux : la terre 土, l’eau 水, le feu 火, le vent (l’air) 風, le vide (le ciel) 空.
Dessin de Pascal 2022.11