Cet article a pour but de présenter simplement au néophyte l’origine et le rôle des temples Shintô 神道 (la voie des esprits) au Japon. Dans le détail, ce sujet est très complexe et pourrait faire l’objet de plusieurs livres. Ici, l’idée n’est pas d’assommer le lecteur avec une masse d’informations difficiles. Donner quelques idées simples et claires comme point de départ sur ce sujet central dans l’Histoire et la culture japonaises est l’objectif de ce texte. En fin d’article, j’aborderai également un seul élément représentatif de ces temples : le portique à l’entrée dit Torii 鳥居.
ORIGINE DU SHINTÔ
Contrairement au Bouddhisme importé du continent, le Shintô est une religion du Japon. Les fondements du Shintô viennent des pratiques japonaises anciennes visant vénérer la nature par crainte. Ses éléments fondamentaux furent adoptés probablement à la période Yayoi (environ de -300 à +300 ans)
En raison de la vie sociale centrée sur l’agriculture, les gens de l’époque vivaient en étroite relation avec la nature. Ils en sont venus à croire que des esprits résidaient dans toutes choses de la nature. En effet, dans le Shintô, d’innombrables esprits dénommés Yaoyorozu 八百万 (lit. 8 millions) animent les objets, les phénomènes naturels, l’habillement, le gîte et le couvert.
Ces entités ont contribués à la genèse japonaise. Ils sont mentionnés dans les ouvrages historiques anciens tels que le Kojiki 古事記 (Récit des choses anciennes : +732) et le Nihon Shoki 日本書紀 (Chronique du Japon : +720). Ces deux mythes sont cités comme des éléments fondamentaux de l’élaboration des sanctuaires les plus anciens du Japon. En 927, la rédaction de l’Engi-Shiki 延喜式 (Procédures de l’ère Engi) est achevée. Avec le Kojiki et le Nihon Shoki, cet ouvrage est l’une des Écritures sacrées du Shintô. Ce document présente des textes relatifs aux cérémonies du Shintô et aux coutumes de l’époque. Les volumes 9 et 10, appelés Engishiki Shinmyôchô 延喜式神名帳 recensent la liste des sanctuaires officiels du moment. Les esprits dits Kami 神 occupent ces lieux de culte.
Les sanctuaires Shintô sont également étroitement liés à la famille impériale. L’empereur administre les rituels des sanctuaires. L’endroit le plus représentatif est le sanctuaire d’Ise 伊勢神宮. La divinité du palais intérieur est Amaterasu, la divinité des ancêtres impériaux. L’Empereur a d’ailleurs visité le sanctuaire d’Ise en 2014.
LE RÔLE DU SHINTÔ
Les cérémonies aux temples Shintô ont de profondes relations avec les grands moments de la vie tels que : Hatsumôde 初詣 la première visite/prière au temple de l’année, la présentation d’un nouveau né dans les trois mois après la naissance, la fête des enfants à 3, 5 et 7 ans…
Le dessin ci-dessus représente la structure élémentaire d’un temple Shintô. On peut noter en particulier la présence du Torii à l’entrée, les lanternes de pierres 灯籠 posées en vis-à-vis. Elles sont en général au nombre de six, trois de chaque côté de l’allée centrale. On notera également la présence de deux chiens gardiens, les komainu 狛犬, l’un ayant la gueule ouverte pour prononcer « a » le premier son de l’alaphabet sanskrit, tandis que l’autre a la bouche fermée pour prononcer « um » le dernier son. Le symbole peut être interprété comme le début et la fin de toutes choses, la fugacité, l’éphémère…
Dessin de Pascal 2022.11
LES TORII 鳥居
D’origine japonaise, le Torii est le portique marquant l’entrée d’un sanctuaire Shintô. Les Torii peuvent être uniques, en enfilade de trois ou en grand nombre. Il y a cinq styles architecturaux : Kuroki 黒木, Myôjin 明神, Mihashira 三柱, Miya 宮 et Ryôbu 両部.
Avec deux piliers légèrement inclinés vers le haut et reposant sur une base, Myôjin est style le plus courant. Le nuki 貫 (entretoise sous le chapeau) traverse les deux piliers et dépasse de chaque côté. Le kasagi 笠木, le chapeau est légèrement incurvé et repose sur une poutre de section rectangulaire appelée shimaki 島木. Une pièce de bois verticale portant généralement le nom du sanctuaire, le gakutzuka 額束, relie le nuki et le shimaki en leur milieu.
Toutefois, ces styles peuvent connaitre des variations selon les époques et les sanctuaires. Les Torii peuvent être en effet en bois, en pierre, en bronze, peints en rouge, en noir ou laissés en couleur naturelle. Leurs tailles et proportions sont également fonction du sanctuaire.
Pour entrer dans le sanctuaire, il faut passer par le Torii. Ce passage symbolise la transition entre le monde terrestre et spirituel.
Torii de style Myôjin – Dessin de Pascal 2022.11
