Depuis peu au Japon, un sujet revient souvent sur le tapis : le souk dans la langue japonaise…

Pour illustrer mes propos, je vous présente deux expressions récentes reprises par des commentateurs : tteyûka ってゆーか , Cho… チョ○○. Ces formes n’ont aucune existence dans la langue officielle. Il s’agit en effet d’expressions déformées par les usages oraux et quotidiens des Japonais.

Je m’interroge donc sur le sens de ces déformations… Peuvent-elles être assimilées à une forme de désordre ? Ou sont-elles l’expression d’une évolution de la langue contemporaine ? Difficile de répondre clairement. Je prends toutefois d’autres exemples pour continuer ma réflexion.  

1) Sugoi 凄い . Les nouveaux étudiants en japonais apprennent rapidement ce mot, aujourd’hui traduit par : super, génial, vachement… Mais, saviez-vous qu’à l’origine, Sugoi avait un sens très négatif ? Ce mot se traduisait par : atroce, affreux, horrible.  

2) Zenzen 全然 est également dans le même cas. Traditionnellement, Zenzen s’utilise avec un verbe à la forme négative et exprime de facto la négation absolue. De nos jours, Zenzen s’utilise aussi pour amplifier un sens positif. Cette évolution n’est pas une erreur commise par des jeunes gens peu scrupuleux de la grammaire japonaise. Les adultes bien éduqués disent également Zenzen ii 全然いい pour exprimer un accord inconditionnel.

3) Mattaku 全く s’utilise avec un verbe à la forme négative au même titre que Zenzen. Toutefois, au début de l’ère Shôwa (fin des années 20), les Japonais ont progressivement utilisé ce mot comme un amplificateur d’expressions positives. Par exemple : Mattaku subarashii 全く素晴らしい, C’est vraiment merveilleux.

Alors, évolution ou désordre organisé ???

Certaines erreurs d’utilisation semblent tomber dans les usages en gommant progressivement des mémoires le sens originel du mot. Sans aucun doute, ces transformations linguistiques hasardeuses ne datent pas d’hier au Japon. En effet, des journaux japonais d’avant guerre semblaient d’ores et déjà se lamenter de la situation.

Pascal