Présentation de la série TV japonaise : Ohisama(おひさま)

Ohisama était une série télévisée de quinze minutes qui passait tous les matins sur la NHK pendant six mois en 2011. Ohisama avait deux particularités : elle a duré un semestre non stop (pour plus d’un an de tournage) et a rencontré un très grand succès auprès de la population japonaise.

En effet, la série narre l’histoire de familles dans un petit village de la région de Nagano avant la guerre, pendant, et après. On voit l’évolution des personnages à travers les différentes phases de l’Histoire ainsi que les peines, les joies et les difficultés de la vie quotidienne dans le Japon rural.

En raison du désastre du 11 mars 2011, cette série fut un grand stimulant pour beaucoup. De nombreuses voix se sont élevées pour encourager l’effort des acteurs durant toute l’année. Dans un discours, l’actrice principale, INOUE Mao(井上真央) a remercié les téléspectateurs pour ce soutien précieux.

Traduction simplifiée de son texte :
« Je vous remercie tous pour votre contribution durant cette longue série… En un an, il s’est passé plein de choses : j’ai pleuré, j’ai rit… Ah non ! Je ne veux pas pleurer maintenant !… (larmes aux yeux) J’ai reçu beaucoup de bonheur… En plein tournage, il y a eu le grand tremblement de terre et il y avait des nouvelles tristes tous les jours… J’ai eu le coeur serré chaque jour… Même si 15 minutes c’est court, j’ai compris que cette série donnait tous les matins beaucoup de courage et d’espoir à de nombreuses personnes. C’est grâce à cela que j’ai pu tenir le rythme sans faillir jusqu’à la fin du tournage… Merci à tous du fond du coeur !… » 

Une culture pleine de sensibilité et de délicatesse

Je tente ci-dessous de partager humblement un aspect d’Ohisama découvert en lisant la fiche descriptive du personnage principal afin d’illustrer la profondeur culturelle du Japon.

Au commencement de la série, je comprenais le titre au premier degré. Hi(ひ) signifie le jour et par extension le soleil. O(お) et sama(さま) sont deux artifices de la langue japonaise pour marquer le respect vis-à-vis de la personne ou l’objet concerné. Alors comment traduire pleinement en français le titre de cette série marqué par le concept de respect vis-à-vis du soleil ? Pas évident… Je traduisais donc le titre de cette série par : « Un soleil radieux », « Un beau soleil ».

En voulant en savoir plus sur les personnages, j’ai commencé à lire la fiche descriptive du personnage principal, MARUYAMA Yôko(丸山陽子)incarné par INOUE Mao.

Voici la fiche :
大正11年(1922年)、東京都に生まれる。両親と兄ふたりに囲まれ、愛されて、朗らかに育つ。10歳の時、病状の深刻な母との暮らしのために一家で長野県安曇野大正での生活を始める。亡き母がつけてくれた陽子という名前、太陽のように世界を明るく照らす「太陽の陽子」として笑顔で生きていく。そして昭和16年(1941年)には国民学校の教師に。戦時下ながら念願の教師生活へ。見合い結婚の相手は戦地へ赴き、夫のいない義父母との暮らしが始まる。嫁として教師として奮闘しながら生活者の明るさ強さを身につけていく。やがて戦後の新しいステージに向かい、妻として母として人として、あたたかな包んでいく。」のような笑顔で人々を包んでいく。

Traduction : « Yôko(陽子)est née à Tôkyô durant la 11ème année de l’ère Taishô (1922). Entourée par ses deux grands frères et parents, elle est élevée dans l’amour et le bonheur. A l’âge de 10 ans, cette famille part vivre dans la petite ville d’Azumino du département de Nagano suite aux graves problèmes de santé de sa maman. La défunte mère de Yôko a choisi ce prénom pour sa fille afin qu’elle puisse illuminer son entourage d’un sourire radieux tout au long de sa vie. En effet, le Kanji choisi pour le Yô de Yôko est celui du Yô de Taiyô(太陽、soleil). L’année 16 de l’ère Shôwa (1941), elle devient enseignante à l’école publique et mène sa vie de professeur tant désirée malgré la guerre. Son époux, choisi dans le cadre d’un mariage arrangé, est appelé au front. Yôko part donc vivre dans sa belle famille sans son époux. En se mettant en quatre, comme épouse et enseignante, Yôko apprend la force et la luminosité de la vie. Finalement, Yôko franchit une nouvelle étape de sa vie après la guerre. Comme épouse, maman, et personne entière, elle entoure les gens d’un sourire chaleureux et radieux. »

Quand mes yeux se sont posés sur le point final de la fiche, je compris avec grande émotion toute la profondeur du titre de cette série. Ohisama n’est pas une glorification du soleil. Il s’agit simplement d’une façon poétique de nommer Yôko la radieuse !

D’ailleurs, pour éviter le rapprochement direct avec l’astre, l’auteur japonais s’est bien gardé d’écrire le titre Ohisama en Kanji (お日様). L’écriture phonétique simple (en Hiragana) ne donne pas de sens clair/tranché et permet de garder le flou subtil entre la lumière du soleil et le caractère chaleureux de Yôko.

Alchimie et charme du jeu graphique de la langue japonaise : que de finesse, de délicatesse et de sensibilité dans la culture japonaise !

Pascal avec un : ) radieux…

Référence NHK : Cliquer ici.