Quand on étudie le japonais, on nous pose parfois cette question. Répondre simplement à cette interrogation n’est pas toujours facile. Il existe donc des tests officiels de niveau de langue.
Le contexte européen et français
Au début des années 2000, les Européens ont mis en place le CECRL (Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues). C’est une échelle de valeurs qui définit des niveaux de maîtrise dans une langue étrangère en fonction de savoir-faires. On y mesure deux volets de compétences :
- la compréhension auditive et écrite ;
- la production orale et écrite.
Le CECRL comprend six niveaux de difficultés.
- A1 : niveau débutant, découverte
- A2 : niveau débutant confirmé
- B1 : niveau seuil – début de l’autonomie
- B2 : niveau indépendant
- C1 : niveau avancé
- C2 : niveau maîtrise
Le détail des aptitudes de ces niveaux est indiqué ici.
Pour les étrangers, l’aptitude en langue française est également évaluée au moyen de cette échelle. Par exemple, nous avons le DELF A1, A2, B1, B2, et DALF C1, C2.
- DELF : Diplôme d’Étude de Langue Française.
- DALF : Diplôme Approfondi de Langue Française.
En France, avec le niveau B1, un étudiant étranger peut s’inscrire dans un cursus universitaire court professionnalisant ou demander la nationalité française. Le niveau B2 donne l’accès au cursus universitaire classique.
Cette échelle de valeurs est principalement mise en place pour les langues européennes. Toutefois, des pays hors UE comme le Japon s’intéressent de prés à ce référentiel depuis quelques années.
Qu’en est-il pour la langue japonaise ?
Au Japon, il existe plusieurs examens d’évaluation des compétences. Voici les deux principaux :
- JLPT : Japanese Language Proficiency Test (https://www.jlpt.jp). Cet examen est le plus connu à l’international. Il peut se passer en France. En 2018, on comptait 1 million d’inscrits à travers le monde. Ce test évalue uniquement le niveau de compréhension du candidat. Il n’y a pas d’exercices de production. L’épreuve se divise en cinq niveaux de difficultés :
- N5 débutant
- N4 débutant confirmé
- N3 niveau intermédiaire
- N2 niveau indépendant
- N1 niveau avancé
Le candidat choisi son niveau et présente l’épreuve sélectionnée. Si le candidat obtient le score minimum demandé, il valide le niveau et reçoit un certificat de réussite deux mois après environ.
- JTEST (https://j-test.jp) : Test de compétences en langue japonaise. Les épreuves sont tenues dans 50 villes en Asie y-compris le Japon. Cet examen est moins connu que le JLPT et utilise une graduation sur 1000 points. Le JTEST a trois niveaux de difficultés : de F à E de 250 à 350 points pour les niveaux débutants ; de A à D de 500 à 930 points pour les niveaux avancés ; spécial A de 930 à 1000 points pour le japonais spécialisé des affaires notamment. Sur cette échelle, le niveau N1 du JLPT est évalué 700 points environ.
Quelles sont les équivalences entre les standards japonais et le CECRL européens ?
Dans le DELF / DALF français par exemple, on mesure la compréhension et la production. Dans les examens japonais, seule la compréhension est évaluée. La comparaison des certificats et la recherche d’une équivalence exacte n’a donc pas vraiment de sens. Toutefois, on peut s’interroger sur le niveau de langue des épreuves de compréhension et tenter de faire un parallélisme entre ces différents standards d’évaluation.
Sur le site du JTEST, on trouve le tableau d’équivalences suivant :
JLPT | JTEST | CECRL |
N5 | F-G 250 pt | A1 |
N4 | D-E 350 pt | A2 |
N3 | D-E 500 pt | B1 |
N2 | A-C 600 pt | B2 |
N1 | A-C 700 pt | C1 |
Source : https://j-test.jp/cefr-jtest
Analyse personnelle
Les examens et niveaux de langues ont l’avantage de donner aux étudiants un objectif d’apprentissage immédiatement visible et de motiver l’apprenant dans sa progression. Du point de vue des formateurs, les niveaux de langues permettent de structurer le programme et guident dans une certaine mesure les enseignants dans leur travail pédagogique. Toutefois, cette classification a parfois l’effet pervers d’aveugler l’élève en lui faisant oublier de revoir régulièrement les bases.
Le CECRL tend à évaluer les compétences pratiques et réelles du candidat en langue étrangère. En d’autres termes, les épreuves sont plutôt orientées sur la capacité du candidat à communiquer. Le JLPT n’est pas vraiment pensé dans cet esprit. Dans la pure tradition japonaise des examens, le JLPT est un QCM froid qui donne un résultat arithmétique basé un sytème statistique complexe. En outre, cette approche évalue la compréhension uniquement. Le JLPT est in fine plus proche d’un examen de connaissances que d’un test de compétences.
Toutefois, en comparant les deux standards et les droits qu’ils ouvrent dans les pays respectifs, le N2 correspondrait au B1 français et le N1 au B2 français. En effet, avec le niveau N2 au Japon, les étudiants peuvent accéder aux formations supérieures courtes professionnalisantes. Le N1 est en revanche exigé pour intégrer une université classique. J’ai donc réalisé « au doigt mouillé » le tableau comparatif ci-dessous pour illustrer ma perception. Je demande toutefois au lecteur de bien comprendre que ces deux normes n’évaluent pas les mêmes aspects de la langue. La comparaison reste donc difficile et hasardeuse.
– Pascal 🙂